Rocío Molina: "Nîmes est un peu ma maison"

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Publié le 24 septembre 2025 Article

Par Julien Ségura


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Rocío Molina au théâtre de Nîmes les mercredi 26 et jeudi 26 novembre pour les premières représentations françaises de sa nouvelle création "Calentamiento".

Considérée comme la plus grande danseuse de flamenco au monde, Rocío Molina est en résidence au Théâtre de Nîmes, où elle est artiste associée, pour créer son nouveau spectacle, Calentamiento. Celui-ci sera donné en première française à Nîmes, les 26 et 27 novembre. Entretien avec la star.

Originaire de Malaga et lauréate en 2010 du prix national de danse du ministère de la Culture espagnol, Rocío Molina, 41 ans, s’impose depuis plusieurs années comme une figure incontournable du flamenco contemporain. Fidèle au théâtre de Nîmes où elle est artiste associée, elle avait notamment marqué le dernier Festival Flamenco en présentant sa trilogie consacrée à la guitare. 

La danseuse est de retour dans la cité des Antonin pour une résidence au Théâtre de Nîmes pour travailler sa dernière création Calentamiento. Un spectacle, coécrit avec le dramaturge, metteur en scène et aussi comédien Pablo Messiez, abordant l'échauffement de l'artiste comme un parallèle sur la vie, le plaisir, la douleur, la solitude. Après une première présentation mondiale à Madrid, ce spectacle sera joué en première française à Nîmes les 26 et 27 novembre (billetterie en ligne ici). Entretien avec la danseuse espagnole. 

Vivre Nîmes : Rocío Molina, vous êtes en résidence de création au Théâtre de Nîmes pour Calentamiento. Que représente cette étape de travail avant la première française ici en novembre ?

Rocío Molina : C'est la première fois qu'on se confronte concrètement à cette création. J'y travaille depuis un an et demi dont huit mois chez moi avec Pablo Messiez (codirection artistique et textes ndlr) mais maintenant c'est le moment de la confronter au monde extérieur. Et je suis heureuse que ça se fasse à Nîmes, au Théâtre de Nîmes. Un lieu où je me sens bien, un lieu réconfortant. Nîmes est un peu ma maison. 

Pourquoi Nîmes est un endroit réconfortant pour vous ? 

Le Théâtre de Nîmes et les spectateurs nîmois ont accueilli presque tous mes spectacles avec enthousiasme et bienveillance. Ici, je me suis toujours sentie acceptée qu'importe la direction que je prenais dans mes créations. C'est une chance d'être associée à un lieu comme celui-ci. 

Le titre de votre spectacle signifie “échauffement”. Pourquoi avoir choisi ce moment du travail artistique comme sujet central ?

L'échauffement est un moment particulier. Il est un moyen de commencer un travail sans jamais vraiment le commencer et de ne jamais le terminer. C'est un peu comme la vie, on ne veut jamais qu'elle soit terminée… Avec Pablo Messiez on a tiré un peu le fil de cette métaphore avec l'idée aussi d’évoquer le bien, le mal, le plaisir dans le mal ou le soulagement… 

“Vous allez voir une Rocío Molina qui fait des choses qu'elle n'a jamais faites.”

Vous êtes connue pour votre audace et vos prises de risques scéniques. Quels défis avez-vous voulu relever avec cette nouvelle pièce ?

Vous allez voir une Rocío Molina qui fait des choses qu'elle n'a jamais faites. Je vais notamment expliquer, raconter ce que je fais, alors qu'avant je dansais uniquement. Ma danse apparaît différente, racontée. C'est nouveau pour moi. Dans la première partie, je suis seule sur scène avec ce concept : ne pas pouvoir arrêter de commencer. 
Dans une deuxième partie que nous appelons “la fête”, des chanteuses me retrouvent et nous découvrons ensemble une autre manière d'être sur scène. Un moment de lâcher-prise. Deux parties qui représentent ce mouvement cyclique de la vie avec ses plaisirs, ses douleurs. Nous avons ce poème du poète argentin Roberto Juarroz que nous aimons et qui dit : “On dirait parfois que nous sommes au centre de la fête. Cependant, au centre de la fête il n'y a personne. Au centre de la fête, il y a le vide. Mais au centre du vide, il y a une autre fête.” 

Vous collaborez une nouvelle fois avec Niño de Elche. Comment se construit ce dialogue entre votre danse et sa direction musicale ?

J'ai choisi de travailler à nouveau avec lui car c'est une personne qui a une sensibilité particulière et il sait s'ouvrir à d'autres univers. Il va chercher concrètement la création adaptée. Il a travaillé sur la partie musicale qui est réduite car il n'y a que les voix des chanteuses, pas d'autres musiciens. Toute la première partie est un solo sans musique. Il a réussi à aborder ça, rien n'est de trop et tout ce qu'il a fait est puissant tant au niveau du son que de l'image.