Les boules, une passion nîmoise

À l’ombre des mûriers de la rue de la Plaine, une quinzaine de boulistes se disputent le cochonnet et négocient âprement le point. Né en 1989, en remplacement de la Boule du Griffe, le nouveau club la Boule de Saint-Césaire compte aujourd’hui 110 licenciés et dispose de 32 terrains, depuis l’inauguration le mois dernier des 10 terrains supplémentaires nécessaires à l’organisation de concours officiels. Seize disposent des dimensions suffisantes pour accueillir des parties de jeu provençal (la "longue"). “Le club y organise régulièrement des concours avec équipes tournantes tirées au sort qui permettent à chacun de jouer au moins trois parties”, explique Christian Dairou, l’actuel président pour qui l’esprit de convivialité qui règne dans le club est le plus important. Mais, grâce aux performances de ses équipes, le club évolue également en deuxième division et en régional l’an prochain. Il dispose d’un local spacieux ouvert 7 jours sur 7 de 13h30 jusqu’à tard le soir, grâce à l‘implication de plusieurs bénévoles dont Christian Mélarède ou l’autre figure du club, Kamel Chérif, qui a fait partie de l’équipe nationale d’ Algérie, avec laquelle il a participé à plusieurs compétitions internationales. 

“J’étais contre l’installation d’un skate park à proximité de l’Estanque, ne cache pas Jean-Pierre Ferret, figure locale du jeu provençal. J’avais tort ! La cohabitation se passe très bien.” Fils de Jean Ferret, quatre fois champion de France, ayant lui-même remporté deux fois le titre national, Jean-Pierre a longtemps été employé municipal en charge du boulodrome nîmois. Ancien responsable de l’ Amicale des employés municipaux (AEM), il anime désormais le club des Jardins de la Fontaine qui organise ce jour-ci à l’Estanque le challenge Jean-Ferret en hommage à son père. Avec 32 jeux dont 16 intérieurs, l’Estanque est le terrain "idéal", le Central nîmois de la boule, en quelque sorte, sur lequel les divers clubs nîmois viennent régulièrement organiser des tournois. “À la qualité des installations s’ajoutent des facilités de stationnement”, poursuit Jean-Pierre. En ce jour de tournoi, les enfants sur planche à roulettes et les papas qui courent derrière leur progéniture côtoient dans la joie et la bonne humeur les quelque 180 joueurs de la compétition. Une buvette scelle la rencontre entre boulistes et skateurs.

“Tout le monde peut venir jouer !”, lance madame la présidente, Brigitte Viellet. Dans un coin du local du club du Mont Duplan, un seau rempli de boules attend ceux ou celles qui souhaitent découvrir la passion des boules et l’esprit de convivialité du club dont les 150 licenciés évoluent à tous les niveaux, local et régional. "Nous avons tous les niveaux de pratique et même des champions", explique celle qui est elle-même membre de l’équipe vétérans. Le plus ancien club de Nîmes bénéficie d’un emplacement privilégié. “L’une des sept collines de la cité romaine”, annonce fièrement Brigitte, qui a succédé à la tête de l’association à l’emblématique Didier Vieulles. Entre les arbres, on aperçoit le paysage de la Costière vers Garons et le Mont Ventoux par temps clair. “C’est la plus belle salle de sport de Nîmes”, revendique-t-elle. Le club y dispose au total de 20 terrains, 10 en contrebas de la colline et 10 devant le moulin, autrefois siège du club avant l’aménagement de l’actuel local partagé avec la police municipale et la piste de la sécurité routière. Une proximité qui donne d’ailleurs des idées à la présidente. “J’aimerais organiser une école des boules pour les enfants. La pétanque est un sport qui se pratique à tous les âges.”

“De grands champions de la pétanque ont joué ici”, annonce fièrement Richard, qui cite Passo, Salvador, Ferrer, Cabanon… Et si depuis l’ouverture de l’Estanque, il y a aujourd’hui moins de joueurs, le Bosquet des Jardins de la Fontaine demeure un haut lieu de la boule à Nîmes. “C’est mythique, poursuit Robert, boules en mains. Le lieu est exceptionnel à proximité des Jardins de la Fontaine.” La rumeur des jets d’eau couvre le bruit des voitures qui passent sur les quais, de l’autre côté. Tous les deux viennent depuis plus de 20 ans, "pratiquement tous les jours, même en hiver" ! Certains sont licenciés à la Boule passion nîmoise, la Boule colnem ou dans d’autres clubs, mais ici, il n’y a pas d’organisation officielle des parties. “On vient jouer entre amis”, précise Robert. Les groupes se forment et se reforment chaque jour selon les niveaux. Le lieu est aussi un espace d’échanges. Sur les bancs, à l’ombre des platanes, beaucoup se contentent de commenter les parties ou… l’actualité locale ! À une époque, il se disait que la vie politique nîmoise se faisait au Bosquet. Le mythe, toujours.