h2 à Nîmes : "Un bâtiment à la fois puissant et humble"
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Grands projets
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H2, Centre des Congrès
Détail de la façade si caractéristique de h2 en pierre du Bois des Lens, déjà utilisée dans l’Antiquité pour la Maison Carrée. Un bâtiment comme un pont entre modernité et histoire de la cité.
C’est une prouesse. La conception du nouveau Centre des congrès h2 à Nîmes combine fonctionnalité, innovation et intégration dans le patrimoine local.
L’audace est intacte ! En matière d’architecture, Nîmes l’entretient et l’assume. Après le Carré d’art de Norman Foster (inauguré en 1993) et le Musée de la Romanité signé Elizabeth de Portzamparc (2018), le dialogue bimillénaire se poursuit entre le passé et le présent, entre la pierre et le verre. Avec le Centre des congrès h2, les agences Chabanne (basée à Aix-en-Provence) et 3XN Architects (située à Copenhague) ont pensé un édifice frappant et innovant, qui répond aux exigences esthétiques et fonctionnelles modernes dans le respect de l’Histoire et du patrimoine antique.
“Nous avons imaginé un bâtiment à la fois puissant et d’une grande humilité, qui s’insère avec une grande souplesse dans l’hyper centre-ville, explique Lionel Devaux, directeur des grands projets chez Chabanne. Il respecte le langage urbanistique et patrimonial de la ville, grâce à sa pierre et ses formes courbes." Une prouesse illustrée et symbolisée par plusieurs "gestes” architecturaux. Démonstration en trois points.
1 - Le « kiss » : iconique et symbolique
En la matière, c’est le geste qui marque les esprits, celui qui a inspiré le nom même de l’équipement : h2. Au-dessus de la rue Jean-Reboul rénovée, qui se voit ainsi offrir une inédite perspective, les deux bâtiments du Centre des congrès semblent entrer en contact. Dans ce rapprochement élégant et onduleux (que les architectes ont nommé le "kiss", le baiser), une passerelle habillée de miroirs complète visuellement l’écriture d’un “h” minuscule. Une inspiration qui symbolise la rencontre et l’échange, la raison même d’être de l’édifice. Un rapprochement également essentiel pour évoquer les notions de communication et de transmission. De part et d’autre de la rue, derrière les façades vitrées : un double atrium généreux et lumineux, tout en hauteur, dessert toutes les entités : auditorium, salles de réunion, galeries, etc. , grâce notamment à un escalier monumental et circulaire de cinq tonnes.
2 - Énergies : les arguments verts
“En technicité, ce bâtiment est exceptionnel”, assure Lionel Devaux. Il l’est par sa conception dans une optique de développement durable (certifiée par plusieurs labels), qui vise aussi à maîtriser les coûts sur le long terme. Le Centre des congrès est composé de béton et d’acier. En amont, l’impact de ces matériaux a été réduit de 30 % avec des bétons bas carbone et des aciers décarbonés et le recours à des éléments recyclés (à 70 % pour l’aluminium des menuiseries par exemple), biosourcés (35 % des isolants sont en coton, chanvre et lin) et locaux (façade en pierre du Bois des Lens). Treize sondes géothermiques vont chercher, à 150 m de profondeur, l’énergie nécessaire pour assurer, avec les 425 m² de panneaux photovoltaïques, 90 % des besoins énergétiques pour le chauffage et la climatisation. Les toitures sont végétalisées, elles participent à l’abaissement de la température de quelques degrés. La ressource en eau est préservée avec des cuves de récupération des eaux pluviales pour l’alimentation des chasses d’eau des sanitaires et l’arrosage. "Ce sont des éléments importants aussi en termes de commercialisation : aujourd’hui, les organisateurs d’événements sont très sensibles à la dimension environnementale des lieux qui les accueillent, constate Fabrice Cavillon, directeur de la SPL ÉCLAT, en charge de l’exploitation. En la matière, avec h2, on a les meilleurs arguments."
3 - La façade : beauté de pierre
Cette teinte claire vous dit quelque chose ? Pas étonnant : sur une structure en nid d’abeilles, les 4 000 m² de façade du nouveau Centre des congrès sont habillés de pierre naturelle du Bois des Lens, issues de la carrière de Moulézan, à une vingtaine de kilomètres de là. Une pierre chérie par les Romains pour sa dureté et sa résistance, la même que celle utilisée pour la construction de la Maison Carrée. Ou, plus tard, pour les hôtels particuliers de l’Écusson. Cette vêture en double peau est à la fois performante (par sa conception bioclimatique) et esthétique puisqu’elle anime l’ensemble des courbes avec du relief, des effets de lumière qui varient au cours de la journée. Elle entre ainsi en douceur en résonance avec le patrimoine nîmois. "En dialoguant avec l’histoire de la ville de Nîmes, ce bâtiment va traverser les générations, prédit Lionel Devaux. Mais le critère important d’une bonne architecture, c’est la vitalité. Maintenant, il faut qu’il vive, que les Nîmois s’approprient h2 et lui offrent un vrai rayonnement."