Patrimoine : grâce à son SPR, la Ville de Nîmes s'est transformée

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Publié le 05 juillet 2025 Dossier

Par Marjorie Gourdou


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La Maison Carrée de Nîmes et son Carré d'art : l'illustration du dialogue entre passé et présent, entre deux architectures.

La Ville de Nîmes crée en 1985 son Secteur sauvegardé, devenu depuis Site patrimonial remarquable. Un dispositif aux incidences remarquables et nombreuses.

Décembre 1913. Une loi donne une véritable assise juridique au terme “monument historique”. Trente ans plus tard, un périmètre de protection de 500 m est institué autour dudit monument, pour en préserver aussi ses abords. Mais il faut attendre la fameuse loi Malraux (en 1962) pour une prise en compte plus large du patrimoine.

L’urbanisation accélérée des années 50, la vétusté de quartiers anciens jugés insalubres conduisent André Malraux, premier ministre des Affaires culturelles en France, à faire voter l’institution de secteurs sauvegardés.

Pour la première fois, c’est un ensemble urbain et pas seulement un édifice qui est considéré comme un patrimoine à protéger et à mettre en valeur.

Des opérations en faveur de l’habitat

Consciente de la valeur exceptionnelle de son centre historique, la Ville de Nîmes, sous l’impulsion du Maire Jean Bousquet et de son adjoint à l’Urbanisme Jean-Paul Fournier, décide de créer un secteur sauvegardé dès 1984. Ce dernier est instauré par arrêt ministériel le 15 mars 1985. Il y a 40 ans. Ce nouveau périmètre correspond alors en grande partie à l’emplacement de la ville du Moyen Âge avec la limite des anciens remparts, qui sont remplacés à la fin du XVIIe siècle par les grands boulevards qui le ceinturent aujourd’hui.

Dès la création du dispositif, de grandes opérations impulsent le renouveau du centre ancien nîmois, principalement sur des espaces ou des édifices publics : aménagement de places (Esclafidous, Marché, Horloge, Assas, Îlot Littré…), construction de la Coupole des Halles accompagnée d’un parking de 700 places dans l’Écusson, restauration de l’Hôtel de Ville, Rivet, de l’École des Beaux-arts ou encore de l’ancien évêché (actuel musée du Vieux Nîmes), piétonnisation de rues (Régale, Monnaie, arènes...).

Mais aussi création de la médiathèque Carré d’art Jean-Bousquet et reprise des abords de la Maison Carrée, illustrant les conjugaisons heureuses que Nîmes sait produire entre patrimoine ancien et création contemporaine.

Ces grands gestes d’urbanisme et d’architecture se sont accompagnés d’opérations programmées pour l’amélioration de l’habitat (OPAH) dans les faubourgs ceinturant l’Écusson et, dès 1986, de l’instauration de campagnes obligatoires de ravalement de façades au sein du Secteur sauvegardé et de ses abords.

Du Secteur sauvegardé au Site patrimonial remarquable

Laissant présager l’extension du Secteur sauvegardé qui deviendra en 2016 le Site patrimonial remarquable (SPR), de grandes interventions publiques ont permis de poursuivre cet élan à l’image de l’opération AEF (pourtour des arènes en 2007, Esplanade en 2012 et avenue Feuchères en 2013) et des nouvelles allées Jean-Jaurès (2013) dans le prolongement des Jardins de la Fontaine.

Le SPR de Nîmes, un outil d'avenir

Le SPR de Nîmes passe en 2023 de 41 à 109 hectares : une volonté d’accompagner l’évolution de la ville dans les secteurs périphériques du noyau central de l’Écusson, ou encore de coller au périmètre de la zone tampon de la Maison Carrée inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco en septembre 2023.

La Ville poursuit ses actions et souhaite étendre le Plan de sauvegarde et de Mise en valeur (PSMV), document fixant les règles d’urbanisme et les prescriptions architecturales, qui couvre la totalité du nouveau Site patrimonial remarquable. Une étude sera conduite en lien avec les projets à finaliser sur son centre-ville : rue Auguste dans le cadre du plan de gestion Unesco, secteur Porte de France qui accompagne le futur Centre des congrès h2 ou encore la rue Guizot, en lien avec la rénovation à venir des Halles.

“La Ville travaille à l’élaboration d’un nouvel outil de gestion patrimoniale plus moderne, explique Géraldine Rey-Deschamps, Conseillère déléguée au Site patrimonial remarquable. Il s’agit aujourd’hui de prendre en compte non seulement les enjeux de préservation historique et patrimoniale, mais aussi ceux liés au renouvellement urbain, à l’architecture contemporaine, aux problématiques environnementales et à la nature en ville, au dynamisme économique et touristique ainsi qu’à la qualité des espaces publics.”

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L'ancien et le nouveau périmètre du SPR de Nîmes.

En 2018, le Musée de la Romanité et son jardin archéologique viennent s’implanter en bordure d’un Écusson transformé. Traversé par les vestiges du rempart romain, il prend place sur la limite entre la ville médiévale et la ville moderne, face à l’amphithéâtre romain dans une approche résolument contemporaine.

En savoir plus

Retrouvez l’exposition “40 ans de dialogue entre patrimoine et modernité” dans l’atrium du Carré d’art jusqu’au 2 août.