En vidéo : Bernard Lazare va retrouver les Jardins de la Fontaine de Nîmes

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Publié le 25 mai 2025 Article

Par Julien Ségura


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Portrait du journaliste et essayiste nîmois Bernard Lazare (1865-1903).

La statue du journaliste nîmois, premier défenseur du capitaine Dreyfus, avait disparu durant la Seconde Guerre mondiale. Un collectif fait renaître ce monument, en cours de fabrication, pour une inauguration en octobre. Avant, le samedi 14 juin, une conférence à Carré d’art revient sur sa vie.

Elle est en cours de fabrication : cinq mètres de haut, 22 tonnes… D’ici la fin de l’année, une statue monumentale de Bernard Lazare accueillera les visiteurs à l’entrée des Jardins de la Fontaine, côté Bosquet. Il s’agit d’une reproduction fidèle de l’œuvre détruite en 1942 pendant l’Occupation, qui se dressait à cet emplacement même. “Il est le premier des Dreyfusards, celui dont sont issus presque tous les autres”, disait Léon Blum. Le journaliste et essayiste nîmois Bernard Lazare (1865-1903) fut l’un des premiers à défendre publiquement le capitaine injustement accusé de trahison. Dès 1896, il dénonce une erreur judiciaire et publie un texte fondateur qui posera les bases du combat pour la vérité, bien avant l’éclat du J’accuse de Zola.

Découvrez le projet aussi en vidéo : 

22

tonnes


5

mètres de haut


Allégorie de la Vérité

Pendant l’affaire Dreyfus, Bernard Lazare, lui-même d’origine juive, s’impose comme une conscience de son époque, engagé sans relâche contre l’antisémitisme, et en faveur de la justice, de la vérité et de la liberté de la presse. Pour saluer cette figure majeure de l’engagement intellectuel, une conférence se tiendra le samedi 14 juin à Carré d’art (lire encadré). Ce rendez-vous présentera également ce projet de reconstruction à l’identique de la statue qui ornait autrefois les Jardins de la Fontaine. Un projet ambitieux porté par le collectif Histoire et Mémoire

Le monument original, inauguré en 1908, associait le buste de Bernard Lazare à une allégorie de la Vérité. La statue fut régulièrement prise pour cible dans l’entre-deux-guerres, notamment par les ligues d’extrême-droite. Pendant l’Occupation, la statue est d’abord déplacée au musée du Vieux Nîmes avant d’être détruite en 1942.

Conférence à Carré d'Art le samedi 14 juin

À l’occasion du 160e anniversaire de la naissance à Nîmes de Bernard Lazare et dans la perspective de la reconstruction de son monument aux Jardins de la fontaine, Carré d’art et le Collectif Histoire et Mémoire proposent une conférence exceptionnelle de Philippe Oriol, grand spécialiste de Dreyfus en France. Historien et également directeur de la Maison Zola – musée Dreyfus, il est notamment l’auteur d’une biographie consacrée à Bernard Lazare et commissaire de l’exposition Alfred Dreyfus, vérité et justice présentée au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris.
Samedi 14 juin à 15h. Bibliothèque Carré d’art. Grand auditorium (-1). Gratuit.

Une statue reconstruite

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Cette reproduction en plâtre à l’échelle 1/3 sert de modèle à l’Atelier Bouvier pour la reconstruction de la statue qui sera sculptée en pierre de Lens. La même pierre qui a été utilisée pour la construction de la Maison Carrée.

"Ce projet de reconstruction vise à redonner à Bernard Lazare sa place dans l’espace public et dans la mémoire collective, explique David Storper, président de l’association Collectif Histoire et Mémoire. Ce premier Dreyfusard a été injustement oublié." À partir des documents anciens dont des cartes postales, une première maquette en terre a été sculptée, puis reproduite en plâtre. Elle sert de modèle à l’oeuvre finale qui mesurera environ cinq mètres de haut et sera taillée dans la pierre de Lens par l’Atelier Bouvier, basé aux Angles (dans le Gard) et qui s’est vu confier le défi de cette reconstruction. 

Reconnu dans toute l’Europe pour son expertise dans la taille de pierre, l’Atelier Bouvier a notamment participé à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et, plus localement, à la restauration de la Maison Carrée et à la consolidation des blocs antiques des arènes. Quatre artisans sont mobilisés pendant plusieurs mois : pour le buste, pour l’allégorie, et pour l’appareillage. Le tout formera un monument de 22 tonnes.

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Pascal Larsonneur, sculpteur de pierre à l’Atelier Bouvier. Sculpteur en chef sur la reconstruction de Notre-Dame, il a contribué à la restauration des sculptures et des pignons de la cathédrale. Pour ce travail, il a été décoré de la médaille de l’ordre national du mérite. En ce moment, il travaille sur le projet de la statue de Bernard Lazare

Une mémoire retrouvée

L’œuvre reprendra place aux Jardins de la Fontaine, pour une inauguration prévue en octobre. 

"Nîmes s’honore de compter Bernard Lazare parmi ses fils, maillon de la liberté de pensée, de culte et d’action qui est la devise de notre ville. Le premier défenseur de Dreyfus s’affirme comme l’une des consciences humanistes majeures, cela à l’échelle universelle."

Photo de Jean-Daniel Valade

Daniel-Jean Valade Adjoint délégué à la Culture

“Ce retour s’inscrit dans une démarche citoyenne et mémorielle forte, portée par une souscription publique et soutenue par plusieurs institutions dont la Ville de Nîmes, précise David Storper. Ce monument sera plus qu’un hommage : un symbole. Il incarnera la défense du patrimoine, la lutte contre toutes les discriminations, et l’attachement indéfectible à une presse libre et à la vérité.”