Ruddy Aboad, directeur de FIP : "Nîmes est une ville de fête"
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crédit : Florence Brochoire
La radio FIP pose ses valises dans les arènes de Nîmes le jeudi 22 mai, pour lancer sa tournée de concerts FIP 360. Rencontre avec Ruddy Aboad, directeur de la station, amoureux de musique et… de Nîmes.
Comment décririez-vous l’esprit de la radio FIP ?
L’esprit FIP c’est l’ouverture sur toutes les musiques et, de fait, l’ouverture sur le monde. L’esprit FIP c’est partir du principe que la qualité peut aller avec la popularité. On veut s’adresser à tous les publics. Chez FIP on a aussi bien des auditeurs qui ont 15-25 ans que des auditeurs historiques qui ont 80 ans et qui écoutent la radio depuis sa création en 1971. FIP c’est une curiosité de chaque instant, c’est une obligation que l’on s’impose, chaque jour et toute l’année, de proposer un nouveau voyage musical concocté artisanalement par une équipe de programmateurs passionnés. FIP est la dernière radio musicale au monde à fonctionner sans la moindre intervention d’algorithme. C’est ce qui fait notre différence.
Personnellement, vous entretenez une relation particulière avec la musique live, de part votre parcours de programmateur. Est-ce que FIP a également ce rapport ?
FIP est une radio où la musique s’exprime 100% du temps, il n’y a pas un moment à l’antenne où la musique s’arrête. Cette musique elle est, dans 99% du temps, jouée avec des disques en direct. Cependant, la musique live, que ce soit dans une salle de concert, en studio ou en festival, fait partie intégrante de l’écosystème musical et de la carrière des artistes, c’est leur manière de s’exprimer. Par exemple, nous avons récemment accueilli Seu Georges dans nos studios et nous avons retransmis son concert au théâtre de la Concorde. C’est un artiste que l’on playlist très régulièrement. Ce qu’il est venu nous offrir en live à la radio est une traduction de sa musique, plus en émotion.
FIP, qui est une radio 100% humaine, est aussi une radio qui est là pour transmettre des émotions à son public. Dans un monde parfois anxiogène et brutal, on offre une parenthèse musicale qu’on estime de qualité, pour se laisser porter et respirer. Cela se traduit par une durée d’écoute qui est stratosphérique (2h30 en moyenne par auditeur), nous sommes la première radio de France sur cette statistique.
“FIP 360 c’est à la fois une grande fête et une expérience sonore immersive unique”
Quelle est l’histoire des concerts FIP 360 et en quoi consistent-ils ?
Le prémices de FIP 360 arrivent en 2019 et c’est une histoire de rencontres entre les équipes de la radio et un personnage assez emblématique de radio France : Hervé Déjardin. C’est un ingénieur du son qui est considéré comme le meilleur, en France et surement dans le monde, sur la question du son dit spatialisé et binaural. Il a travaillé avec des artistes comme Molécule ou encore Jean-Michel Jarre, notamment sur ses deux derniers albums. Hervé Déjardin a vraiment compris l’importance de travailler avec radio France pour que FIP soit à la pointe du son binaural et donc FIP 360 a été imaginé. Au départ, ces concerts avaient lieu dans un cadre plutôt restreint à l’Agora de la Maison de la Radio et lorsque je suis arrivé en 2022 comme directeur, j’y ai vu un potentiel extraordinaire. Nous nous sommes dits avec les équipes : amenons ce concept plus loin, essayons de le démocratiser et sortons-le de radio France.
Aujourd’hui, FIP 360 c’est à la fois une grande fête et une expérience sonore immersive unique. C’est la rencontre entre un lieu magistral et hors norme, en l’occurrence jeudi 22 mai les arènes de Nîmes, mais aussi la rencontre avec l’un des meilleurs systèmes son au monde, composé de 12 haut-parleurs disposés en cercle, qui permet d’écouter la musique et de la danser dans les meilleures conditions. Et enfin, une programmation d’artistes de qualité.
"L’idée est de transformer la piste des arènes en piste de danse"
Comment la programmation musicale s’est-elle dessinée pour cette date à Nîmes ?
La Ville de Nîmes nous a invité et nous a dit : faisons une FIP 360 ensemble dans les arènes. Le succès des précédentes éditions à la Monnaie de Paris ou encore au Musée Carnavalet a dû les séduire. Quand on a reçu la proposition j’étais tout de suite emballé, j’étais flatté mais j’avais aussi un peu la pression. L’idée n’est pas de remplir avec 12 000 personnes mais plutôt de faire une grande fête et de transformer la piste des arènes en piste de danse. A partir de là, on s’est demandé : qu’elle programmation pourrait honorer ce monument et parler aux Nîmois ? Tout cela, en gardant la ligne directrice et artistique propre à la radio.
Le premier artiste auquel nous avons pensé c’est Cassius, duo légendaire de la french-touch auteur de certains hits comme I love u so, figure du label Ed Banger records. Cassius, à la base c’est un duo composé de Boombass et Philippe Zdar, ce dernier est décédé tragiquement en juin 2019. Nous sommes assez proches de Boombass, qui est un auditeur fidèle de FIP et que nous avons reçu à plusieurs reprises. Il voulait enfiler le costume de Cassius mais seul. On a eu envie de l’inviter parce que Cassius est un grand nom de la musique électronique en France, ça fait danser, c’est du groove, ça fait sourire, c’est populaire. Quand on a proposé à Boombass de jouer sur ce plateau on s’est dit qu’on avait visé juste : il nous a expliqué que la dernière fois que Cassius avait joué aux arènes de Nîmes c’était avec Daft Punk en 2007. Ce sera forcément un moment fort en émotion pour lui et pour le public.
La philosophie de FIP c’est aussi de donner la chance à de jeunes artistes en devenir. C’est pourquoi Tatie Dee sera de la partie. C’est l’une des grands espoirs de la scène house française et qui présentera pour la première fois son live, qu’elle répète actuellement chez nous en studio aux côté du fameux Hervé Déjardin. Elle sera en plein milieu de cette soirée.
On terminera la soirée avec Mall Grab, un gros nom de la techno et de la house. C’est un producteur australien, basé à Londres, qui est l’un des plus talentueux de sa génération. Il joue sur les plus gros festivals. Quand on l’a contacté, le fait que l’événement se tienne dans les arènes de Nîmes cela a pesé dans la balance. Il nous a très rapidement répondu positivement.
Enfin, deux programmateurs de FIP ouvriront la soirée juste avant Cassius.
Que représentent les arènes de Nîmes pour vous ? Avez-vous des souvenirs dans ce lieu ?
Pour FIP, c’est le début d’une histoire qu’on va construire avec Nîmes et c’est le prolongement d’une histoire que l’on a avec cette région de la France. Depuis peu, les Nîmois peuvent écouter FIP grâce à la DAB +, la radio numérique terrestre. Faire une grande fête dans les arènes, on ne pouvait pas imaginer mieux pour inaugurer cette nouvelle fréquence. On espère déjà pouvoir renouveler l’expérience l’an prochain.
Personnellement, mes souvenirs à Nîmes c’est les spectacles taurins. Petit, mon père m’amenait dans les arènes. C’est un vrai aficionado. Je ne comprenais pas tout mais j’en garde des souvenirs incroyables. J’étais impressionné par ces arènes. C’est un lieu qui m’a toujours fasciné pour lequel j’ai une grande admiration en tant que spectateur. Il y a un sentiment très particulier lorsqu’on est y installé. On sait qu’on vit un moment unique, qui est porté par la musique, elle est extrêmement prégnante dans les corridas. Ensuite, adolescent j’ai participé à plusieurs Feria de Nîmes. J’en garde un super souvenir aussi, je passais ma soirée à me balader dans les rues et à admirer la ville en fête. Nîmes est une ville de fête c’est indéniable, une ville avec beaucoup de caractère.