Gérard Anziani, le cintrier historique du Théâtre de Nîmes décroche

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Publié le 12 mai 2025 Article

Par Mathieu Lagouanère


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Gérard Anziani était arrivé au Théâtre de Nîmes en 1982.

Après plus de 43 ans et près de 5000 spectacles vécus au-dessus de la scène, Gérard Anziani fait valoir ses droits à la retraite. Avec lui, c'est une figure (de l'ombre) du Théâtre de Nîmes qui s'en va.

Son oncle y était régisseur, sa tante concierge. “Ils habitaient dans le théâtre”, raconte-t-il. Gérard Anziani, “Nîmois pur souche”, les rejoint à l’âge de 20 ans, en 1982, en remportant le concours ouvert par la Ville pour un poste de machiniste plateau au Théâtre de Nîmes. Il s’agit de charger et décharger les camions, de monter et démonter les décors d’une salle qui accueille alors plusieurs spectacles chaque semaine.

Dès l’année suivante, changement de fonction : “Gégé” monte aux cintres. “Les cintres, c’est toute la partie haute de la cage de scène, explique-t-il. Il s’agit de manipuler les porteuses (il y en a 45, ici) qui permettent d’accrocher les lumières, les tissus, les éléments de décor…” En descendant ou montant des guindes (ne prononcez pas le mot corde dans un théâtre, malheureux !) et des contrepoids sur des passerelles, parfois à près de 15 mètres de hauteur. Et en multipliant les allers-retours sur des échelles, sous une forêt de 8600 mètres de câbles.

“Cintrier au théâtre, c'est un métier passion”

Tout cela, avant les spectacles pour l’installation, puis durant les répétitions, les représentations et, enfin, au démontage. Cintrier, c’est un drôle de boulot qui demande du physique, de la précision, de l’organisation. Cintrier, c’est un boulot en voie de disparition, à l’heure où les salles optent une à une pour la mécanisation. “Mais c’est un métier passion, je l’ai adoré”, lance Gérard Anziani, 63 ans, dernier agent de la Ville de Nîmes mis à disposition du Théâtre, qui vient de faire valoir ses droits à la retraite. Avant cela, il a formé son successeur, Matthieu Riollet.

Marais, Greco, Arditi, Brialy, Dussollier et tant d’autres au Théâtre de Nîmes

En plus de 40 ans de carrière, Gérard aura assisté à près de 5000 spectacles. A la verticale. Parfois depuis le fauteuil de Renault 12 que ce mécano auto de formation a perché dans un angle, à une dizaine de mètres au-dessus des planches.

De cette vie dans le noir, dans son épais album de souvenirs, il emporte : Borkman avec Michel Piccoli ("Il fallait remplir tout le plateau de neige en moins de trois minutes..."), le Ten Chi de Pina Bausch et ses “quatre tonnes de décor”, mais aussi Marais, Greco, Arditi, Brialy, Dussollier et tant d’autres.

Avec “Gégé”, c’est une figure du théâtre nîmois qui s’en va. “Je reviendrai, bien sûr, pour voir des spectacles depuis la salle. Mais quand même, je préfère être là-haut, je suis plus habitué…”