Festival de Nîmes : entretien avec le chanteur Roberto Alagna
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Événement
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Festival de Nîmes

Roberto Alagna partage la scène des arènes de Nîmes avec sa femme Aleksandra Kurzak le dimanche 22 juin.
© Kasia Paskuda
Le ténor le plus populaire au monde, Roberto Alagna, ouvre le festival de Nîmes dans les arènes le dimanche 22 juin. Il partage la scène avec son épouse, la soprano Aleksandra Kurzak. Entretien.
Vivre Nîmes : Roberto Alagna, vous ouvrez le festival de Nîmes le 22 juin aux arènes. Vous êtes un habitué de l’amphithéâtre romain. Que représente pour vous ce lieu ?
Roberto Alagna : C’est une région que j’aime ! A Nîmes, j’ai joué mon spectacle Le Sicilien qui a été filmé. Les Arènes sont, bien sûr, un lieu chargé d’histoire, les pierres transmettent de l’énergie, de la vibration. J’y rentre comme dans un temple avec émotion. Et, bien sûr, non loin de votre ville, il y a Orange et ses Chorégies où je détiens le record du nombre de participation.
Sur scène vous serez accompagné de votre épouse, la soprano Aleksandra Kurzak. Qu’allez-vous chanter tous les deux ?
Nous interpréterons des duos d’amour, notamment des airs tirés de L’Élixir d’amour de Donizetti – un opéra qui nous est cher, puisque c’est sur cette œuvre que nous nous sommes rencontrés ! Nous chanterons également un extrait d’Andrea Chénier d’Umberto Giordano, inspiré de la vie du poète guillotiné pendant la Révolution. Le programme comprend aussi de grands classiques comme Le Barbier de Séville. C’est un spectacle riche, varié, conçu pour toucher un public large. Le tout accompagné par un orchestre et un grand chœur.
“Rien ne remplace la puissance d’un spectacle vivant.”
Vous êtes l’un des plus grands ambassadeurs de l’opéra dans le monde. Mais vous avez souvent exploré d’autres répertoires, comme la chanson populaire ou la musique de film. Est-ce une manière de faire tomber les barrières entre les genres ?
La musique, à mes yeux, ne connaît pas de barrières. Ma voix est un instrument, et je m'efforce de l’utiliser pour toucher le plus large public possible. Un violon n’est pas destiné uniquement à jouer du Mozart ; de la même manière, je ne veux pas limiter ma voix à un seul répertoire. Même si l’opéra reste ma passion première, j’éprouve un réel plaisir à explorer d’autres styles et à les défendre avec la même exigence.
En 2009, le ténor avait présenté à Nîmes son spectacle "Sicilien".
Que diriez-vous à une personne qui hésiterait à assister à un concert de musique classique par appréhension ou méconnaissance ?
Il faut oser, tenter l’expérience, car c’est souvent ainsi que naissent les passions. Rien ne remplace la puissance d’un spectacle vivant. Quand j’étais enfant, ma mère pensait que l’opéra n’était pas pour nous, parce que nous venions d’un milieu ouvrier. Mais c’est faux : l’opéra, à son époque, était un art populaire. Et il reste aujourd’hui une magie accessible à tous, pour peu qu’on franchisse la porte.
Comment prenez-vous soin de votre voix au fil des années ?
Il faut la traiter comme une épouse ou un enfant avec bienveillance et amour ! Il faut l’écouter, la respecter. Ne pas la pousser trop ou la brusquer, sinon c’est le divorce assuré.
“Une fois sur scène, je donne tout ce que j’ai, sans retenue.”
Bio express
- 7 juin 1963 Naissance à Clichy-sous-Bois
- 1988 Remporte le concours de Pavarotti de Philadelphie
- 1990 Débuts à la Scala de Milan
- 1992 Incarne Rodolfo dans la Bohème à Covent Garden
- 1993 Se fait connaître en France en interprétant Alfredo dans La Traviata pour ses débuts aux Chorégies d'Orange
- 1996 Débuts au Metropolitan Opera de New-York
- 2004 Nommé artiste lyrique de l'année aux Victoires de la musique classique
- 2014 Rôle-titre d'Otello à la Cité de la Musique de Paris et à Orange
- Février 2021 Carmen de Bizet au Met
- Octobre 2022 retour à la Scala de Milan dans Fedora
Le trac est-il encore présent avant de monter sur scène, même après tant d’années ?
Bien sûr, le trac est toujours là. Ce n’est pas une peur paralysante, mais plutôt un sentiment de responsabilité. Depuis 40 ans, le public me suit et attend quelque chose de presque miraculeux, comme si j’étais toujours ce jeune chanteur. Alors je choisis de me concentrer sur la joie, sur l’envie sincère de ne pas décevoir. Et une fois sur scène, je donne tout ce que j’ai, sans retenue.
Pour revenir à votre concert nîmois. Si Nîmes était un air d’opéra… lequel serait-il ?
Si Nîmes était un air d’opéra, ce serait Les Barbares de Saint-Saëns. On imagine souvent que l’opéra, c’est uniquement la passion, l’amour… mais c’est aussi les larmes, le sang, la lutte. C’est une bataille contre soi-même, contre les critiques, contre vents et marées – et parfois contre le mistral ! Les Arènes de Nîmes incarnent cette intensité.
Devenez choriste pour le concert de Roberto Alagna
En première partie du concert de Roberto Alagna à Nîmes, mille choristes locaux se produiront sur la scène des arènes. Pour cette ouverture, la production recherche encore 300 chanteurs.
Les frais d’inscription sont de 40 euros. Ils donnent la possibilité d'assister au concert de Roberto Alagna ainsi qu’une réduction de 20 euros pour les proches qui souhaitent assister à la totalité du concert. L'inscription se fait sur ce site : https://500voix.com/robertoalagna/