Festival de la BD à Nîmes : entretien avec le dessinateur des Schtroumpfs, Miguel Díaz Vizoso
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Festival de la BD

Miguel Díaz Vizoso
© DR
Parrain du Festival de la BD de Nîmes qui se tient les 9, 10 et 11 mai sur l’Esplanade, Miguel Díaz Vizoso est le dessinateur des Schtroumpfs. L'artiste se confie à Vivre Nîmes lors d'une interview schtroumpfement sympathique !
Miguel Díaz Vizoso fait partie de la quarantaine de dessinateurs invités au Festival de la BD de Nîmes, qui se tient sur l’Esplanade du 9 au 11 mai. Dessinateur des Schtroumpfs, il parraine l’événement et évoque pour Vivre Nîmes son attachement aux petits personnages bleus ainsi que la création de l’affiche inspirée de la Maison Carrée.
Vivre Nîmes : Vous êtes le parrain de l’édition 2025 du Festival de la BD de Nîmes. Comment avez-vous accueilli cette invitation ?
Miguel Díaz Vizoso : Les festivals de BD sont toujours l’occasion de rencontrer les lecteurs et d’avoir un retour de leur part sur la manière dont ils ont perçu notre travail. C’est aussi l’occasion de retrouver d’autres auteurs et d’en connaître de nouveaux. Je ne connaissais pas le Festival de Nîmes et je dois avouer que la destination m’attirait déjà pour le site mais l’avis de quelques collègues sur l’organisation a achevé de me convaincre.
Avez-vous un lien particulier avec notre ville ?
Les villes du sud de la France m’ont toujours attiré, cela doit être dû au climat et à la proximité avec mon pays d’origine (l'Espagne, NDLR). Nîmes sera une grande première pour moi. J’ai hâte d’arpenter les rues, découvrir les lieux qui racontent son histoire.
Vous avez signé l’affiche du festival, des Schtroumpfs devant une Maison Carrée en bois. Comment avez-vous abordé ce travail ?
La Maison Carrée est un site emblématique, on ne peut pas l’éviter si l’on veut évoquer la région. De plus, esthétiquement, elle offre un cadre idéal pour une scène de BD. Il me semblait dès lors évident de la placer dans l’univers des Schtroumpfs en faisant en sorte qu’elle colle à celui-ci. Le bois me semblait le bon compromis. Il fallait tout de même la montrer au coeur du village de champignons et déguiser les schtroumpfs en romains. Après tout, il ne leur est pas interdit d’avoir choisi l’époque romaine comme thème d’une de leurs fêtes déguisées…

L'affiche du Festival de la BD de cette édition 2025, signée par Miguel Díaz Vizoso, fait un petit clin d'œil à La Maison Carrée.
© Peyo – 2025 - Licensed through I.M.P.S (Brussels) – www.smurf.com
« Les Schtroumpfs, les premiers petits lutins de la BD »
Vous dessinez les Schtroumpfs depuis des années. Quel est votre rapport avec ces petits personnages bleus créés par Peyo ?
Ils ont bercé ma jeunesse, ils faisaient partie des personnages que je m’amusais à copier dans mon enfance, mais il y en a d’autres : Gaston, Robin Dubois, Lucky Luke, Arthur le petit fantôme…
Comment expliquez-vous leur longévité ?
Ce sont les premiers petits lutins de la BD franco-belge, ils ont d’emblée occupé une place énorme dans le paysage culturel et, lorsqu’ils ont été transposés à la télévision, cela leur a donné une portée planétaire. Mais, au-delà de cela, le fait qu’ils soient minuscules dans un univers qui peut leur être hostile leur confère un caractère humble dans le milieu de la BD où l’on était habitué à voir des héros humains idéalisés, puissants… Leur langage drôle, leur aspect extraordinaire, le talent de conteur de Peyo et de ceux qui l’ont suivi en respectant son style… tout cela fait en sorte qu’ils restent parmi les personnages préférés du grand public.
Bio express
Dessinateur hispano-belge, Miguel Díaz Vizoso n’a jamais oublié ses premières vocations : éducateur spécialisé et passionné de bande dessinée. Grâce à une rencontre décisive avec René Sterne (dessinateur et scénariste notamment de la série Adler), il se forme à l’Académie des Beaux-Arts de Châtelet et entre dans l’univers du 9e Art par la grande porte : le studio Peyo. Là, il enchaîne les gags de Rantanplan, les couleurs pour Robin Dubois et surtout de nombreux albums des Schtroumpfs. Il signe notamment Un enfant chez les Schtroumpfs, inspiré de son expérience auprès d’enfants en difficulté. Une œuvre tendre, intelligente et accessible, à l’image de son auteur.
Vous avez aussi travaillé sur Robin Dubois ou Rantanplan. Qu’est-ce que vous aimez dans l’exercice de reprendre des personnages culte ?
Quand on est dessinateur, on a toujours l’envie de donner vie aux personnages qu’on a aimés. Je crois que tous les auteurs, même ceux qui sont parvenus à créer leur propre identité avec leur propre univers sont tentés de se plonger, à l’occasion, dans leur madeleines de Proust. C’est ainsi, nous sommes de grands enfants.
Comment êtes-vous tombé amoureux de la BD ?
Enfant, dans les rayons des grands magasins, je m’asseyais de longues heures dans leurs allées pour dévorer les albums que nous n’avions pas les moyens d’avoir à la maison : il y en avait tant que j’aurais voulu tous les amener chez moi.
Enfin, pour les jeunes (et moins jeunes) visiteurs du festival : quel conseil donneriez-vous à ceux qui rêvent un jour de faire de la BD leur métier ?
Pour progresser, ne croyez pas l’entourage qui vous fait des éloges, regardez objectivement votre travail avec un esprit critique. Il vous permettra de voir ce qui est perfectible et c’est ainsi que comme beaucoup d’entre nous vous vous direz : je ferai mieux la prochaine fois ! C’est un métier difficile qui ne vous apportera peut-être pas la gloire, l’argent… mais si dessiner est votre passion, il vous donnera la satisfaction énorme de faire ce que vous aimez. C’est déjà un grand luxe à notre époque… mais il faut, pour cela, accepter de travailler beaucoup et le faire dans l’unique but de progresser en vous amusant.
“Si dessiner est votre passion, il vous donnera la satisfaction énorme de faire ce que vous aimez. C’est déjà un grand luxe à notre époque…”