Festival flamenco de Nîmes 2026 : cinq spectacles à voir absolument

“Une édition plus recentrée pour une meilleure émulation dans le centre-ville”, promet Amélie Casasole, directrice du Théâtre de Nîmes, qui présentait ce lundi 17 novembre la 36e édition du Festival flamenco. En 2026, l’événement change de rythme : fini les dix jours étalés sur deux week-ends, place à une semaine unique, plus compacte mais plus intense, avec un seul week-end et pas moins de deux spectacles programmés chaque soir. Un format resserré qui promet une concentration d’émotions et de vibrations comme rarement. 

“L’idée est de proposer un festival, qui rapellons-le a attiré plus de 10 000 spectateurs l’an passé, comme une véritable petite feria au cœur de l’hiver. Et si le Théâtre de Nîmes en est le cœur, nous avons aussi choisi de faire rayonner le flamenco en dehors de nos murs : dans les musées, dans l’espace public, jusque tard le soir, avec des after et un « Off » imaginé en partenariat avec l’Office de tourisme”, continue la directire du théâtre.  

L'ADN de l'événement reste le même : un juste équilibre entre tradition et création. Le Festival accueille ainsi des artistes reconnus comme la danseuse et chorégraphe Rafaela Carrasco, le guitariste Tomatito ou le chanteur Miguel Poveda, mais aussi des voix émergentes qui bousculent les codes comme La Chachi, qui mêle flamenco, arts urbains et même punk, et qui se produira pour la première fois à Nîmes.

Voici nos coups de cœurs.   

À 53 ans, la Sévillane Rafaela Carrasco est sans doute l’une des véritables grandes maîtresses du flamenco contemporain, celle qui tient les rênes et dont l’influence irrigue toute une génération. C’est elle qui a offert leurs premières chances à des danseurs et danseuses aujourd’hui cultes comme David Coria ou Paula Comitre. La chorégraphe, Prix National de danse 2023 en Espagne, a dirigé le célèbre Ballet Flamenco de Andalucía de 2013 à 2016. 

C'est elle qui ouvre le festival nîmois avec Humo à l'Odéon. Il s'agit d'un "work in progress”, une avant-première sur les coulisses de cette future création évoquant les cigarières. Ces femmes qui travaillent dans des usines à tabac, dont la plus connue reste Carmen, héroïne de l’opéra de Bizet ! Un spectacle de danse qui évoque évidemment la lutte pour les droits des femmes.

Mais ce n'est pas tout ! Rafaela Carrasco est aussi invitée sur la grande scène du théâtre de Nîmes pour présenter sa pièce Nocturna. Une ballet magnifique qui embarque le spectateur au cœur de la nuit. Cette création inédite, particulièrement aboutie, mêle avec finesse tradition et modernité pour traverser toutes les étapes d’une nuit : le sommeil profond, l’insomnie, les peurs qui surgissent, les élans imaginaires, l’enchantement ou encore la déraison… La bande-son qui accompagne ce périple du crépuscule jusqu’à l’aube oscille entre piano classique et des compositions originales signées Pablo Martin Jones et Pablo Suárez. A ne rater sous aucun prétexte. 

Figure incontournable du flamenco, Tomatito reste l’un des guitaristes les plus inspirants de sa génération. Né à Almería en 1958 dans une dynastie de musiciens, il explose très jeune aux côtés de Camarón de la Isla, avec qui il signe des albums mythiques qui redéfinissent l’histoire du flamenco moderne. Virtuose sans effet superflu, il possède ce son lumineux et profond qui fait les maîtres.

Artiste curieux et audacieux, Tomatito a croisé la route d’immenses noms, de Frank Sinatra à Michel Camilo, et remporté plusieurs Latin Grammy Awards. Aujourd’hui encore, il demeure un maestro absolu. A Nîmes il jouera notamment ave son fils, également guitariste José del Tomate.  

La Chachi vient pour la première fois à Nîmes et risque d'en décoiffer plus d'un ! Révélation percutante de la scène andalouse, La Chachi bouscule le flamenco avec une audace rare. Formée à Malaga, nourrie de danse urbaine, de théâtre physique et d’un sens aigu du rythme, elle impose un style hybride, instinctif, qui casse les codes sans jamais trahir l’essence du flamenco. Sur scène, son énergie brute, presque sauvage, se mêle à une écriture chorégraphique d’une précision chirurgicale.

Avec ses créations qui flirtent avec le punk, l’expérimental et le rituel, La Chachi s’impose comme l’une des artistes les plus radicales et stimulantes de sa génération. Chaque spectacle est une déflagration, un souffle nouveau pour le flamenco contemporain — et une claque que le public n’oublie pas.

À Nîmes, c'est sûr, certains n'aimeront pas, d'autres adhéreront. Elle sera présente à l'Odéon avec son spectacle Los Inescalables Alpes, buscando a Currito (« Les Alpes inescaladables, à la recherche de Currito »). La danseuse et chorégraphe est également invitée à Carré d'Art pour une performance et une rencontre avec le public.

Figure majeure du chant flamenco contemporain, Miguel Poveda s’est imposé comme l’une des voix les plus puissantes et sensibles de sa génération. Né en 1973 à Barcelone, il bouleverse la scène dès ses débuts grâce à une expressivité rare et une capacité à traverser tous les styles du flamenco, du plus pur au plus novateur. Révélé au Festival de La Unión en 1993, il y remporte quatre prix qui propulsent sa carrière.

Depuis, Miguel Poveda multiplie les collaborations prestigieuses, explore la poésie, la copla, le répertoire traditionnel andalou et revisite les grands maîtres. A Nîmes, il présente Poema del Cante Jondo, un spectacle dédié à la poésie de Frederico Garcia Lorca. 

Avec La Confluencia, Rafael Estévez et Valeriano Paños replongent dans l’histoire d’un art qu’ils explorent et réinventent depuis vingt ans. Ils y livrent un concert dansé flamboyant, d’une richesse de nuances exceptionnelle.

Ce spectacle vient clore la 36e édition du Festival comme une nouvelle lecture des racines du flamenco. Des racines multiples, qui ont façonné une palette de styles que le duo – Prix national de danse 2019 en Espagne dans la catégorie création – convoque et magnifie dans ce nouvel opus.

Entourés de trois danseurs remarquables et d’artistes d’excellence à la guitare, au chant et à la percussion, Estévez et Paños démontrent une fois encore que “la Confluencia”, c’est l’essence même du flamenco.